Transfusion de plasma frais congelé
Compatibilité dans le système ABO
Les anticorps du système ABO présents dans le plasma peuvent être responsables d’une hémolyse des hématies du receveur en cas d’apport important et/ou de présence dans le plasma transfusé d’anticorps immuns et hémolysants du système ABO.
Ce risque justifie, en cas de non-disponibilité de PFC du même groupe ABO que le patient, l’application de règles de compatibilité tenant compte des anticorps présents dans le PFC. Ces règles sont inverses des règles de compatibilités érythrocytaires : le plasma de groupe AB, ne contenant pas d’anticorps anti-A et anti-B, est compatible dans le système ABO avec tout receveur ; en revanche, le plasma de groupe O, contenant les deux anticorps anti-A et anti-B, doit être réservé aux receveurs de groupe O.Le plasma contenant des antigènes solubles du système ABO, l’utilisation de PFC non identique, mais compatible selon les règles définies ci-dessus,
peut aboutir à la production d’anticorps anti-A et/ou anti-B immuns chez le receveur. Cet effet est sans conséquence immédiate pour le patient, mais il réduit la possibilité de transfuser ultérieurement des plaquettes non compatibles dans le système ABO (cf supra).
Rôle de la présence de globules rouges dans le plasma frais congelé
Rôle des systèmes de groupes sanguins présents dans le plasma et sur les globules rouges
Les antigènes Chido et Rodgers,
initialement considérés comme des antigènes du globule rouge, sont deux allèles de la fraction C4d du complément, dont une partie est adsorbée sur la membrane des globules rouges [14].Les anticorps anti-Chido ou anti-Rodgers ne sont pas responsables d’accident hémolytique, mais ils peuvent être responsables de manifestations sévères à type de choc anaphylactique après administration de produits contenant du plasma [68]. La présence d’anti-Chido ou d’anti-Rodgers à la RAI doit donc conduire à rechercher des produits plasmatiques issus de donneurs non porteurs de l’antigène correspondant.
Rôle des protéines plasmatiques
Les Ig peuvent donner lieu à des phénomènes d’immunisation transfusionnelle ayant une incidence clinique.
La présence d’anticorps anti-IgA de classe chez les individus ayant un déficit en IgA sérique peut s’accompagner d’accident grave, de type anaphylactique à la suite de transfusion de produit sanguin labile contenant du plasma. Chez de tels patients, il est possible de transfuser des produits cellulaires déplasmatisés, mais en cas de besoin de plasma, il faut avoir recours à des produits provenant de donneurs ayant un déficit en IgA [64].
Rôle des anticorps présents dans le plasma frais congelé
Le PFC est normalement sélectionné de telle façon
qu’il ne contienne pas d’anticorps irréguliers antiérythrocytes, qui pourraient être responsables d’une hémolyse chez un receveur porteur de l’antigène correspondant. Il peut arriver exceptionnellement que des anticorps non détectés à ce dépistage, soient responsables d’une réaction d’incompatibilité [67]. En pratique, en cas d’hémolyse immunologique chez un patient ayant reçu du PFC, et de façon plus générale un produit sanguin labile contenant une quantité importante de plasma (sang total, CP), l’origine passive de l’anticorps doit être recherchée.
La présence dans le PFC d’anticorps dirigés contre les leucocytes peut être à l’origine de situation d’incompatibilité, dont la manifestation clinique la plus préoccupante est un syndrome de détresse respiratoire aigu (transfusion-related acute lung injury et son acronyme TRALI dans la littérature anglo-saxonne) [48, 61]. Les anticorps impliqués sont dans la majorité des cas dirigés contre un antigène HLA ou contre un antigène spécifique des polynucléaires. Pour prévenir ce risque, de nombreux établissements de transfusion sanguine recherchent les anticorps anti-HLA chez les donneurs de sang ayant un risque d’immunisation par grossesse ou par transfusion antérieure. Cependant, les anticorps dirigés contre les antigènes spécifiques des polynucléaires ne sont pas recherchés en routine, et on sait qu’ils peuvent être impliqués [70]. Le risque d’accident mortel par ce mécanisme chez les patients recevant un très grand nombre de PFC au cours d’échanges plasmatiques n’est pas négligeable [29]. Pour ces patients à haut risque, sachant que la probabilité de rencontrer les anticorps responsables étant la plus élevée chez les femmes multipares, il est possible de sélectionner des PFC issus de donneurs de sexe masculin sans antécédents de transfusion [30].